Se relier aux ancêtres et libérer des mémoires - Récit de soin-rituel
J. vient me voir un matin, avec cette demande sur le bout des lèvres : alors que ses relations avec son compagnon de vie s'améliorent après quelques années difficiles, elle ressent une peur irraisonnée et incompréhensible à l'idée d'un moment intime avec lui. Un sensation terrible d'insécurité l'envahit, alors qu'elle n'a, a priori, pas subi d'agressions dans sa vie.
Quelques secondes après une courte méditation pour installer l'espace sacré de la guérison, je ressens cette peur, moi aussi. Elle est sourde, elle bloque la gorge, le bassin. J. a des images qui lui viennent, une cour de ferme, un petit garçon qui court, un seau à la main, il a l'air très affairé, et il a peur de ne pas réussir à tout faire. Je le sens aussi, et je sens tout de suite que c'est en fait un ancêtre de J. qui se présente à elle.
En remontant le fil grâce au pouls, je me connecte aussi à cet ancêtre, mais avant même que je dise à J. qui il est, elle comprends intuitivement que c'est Alcide, le père de sa grand-mère paternelle. Je lui demande de se présenter à lui, et d'expliquer pourquoi elle se met en lien avec lui.
Ce moment où l'ancêtre et le patient comprennent qu'ils peuvent communiquer, par le biais d'images ou du corps est magique. Un dialogue commence alors, pour comprendre quelle est la blessure que cet ancêtre a vécue, qui n'a jamais été reconnue, et qui a généré des émotions fortes, elles non plus jamais exprimées.
Le petit garçon a très peur, et pendant un certain temps, il refuse de transmettre pourquoi. La souffrance est telle qu'il n'accepte pas de "montrer". L'ancêtre a besoin d'être rassuré. Là où il est - et peu importe, c'est selon la croyance de chacun - il est mort, et sa réalité n'existe plus. Pourtant, il reste fermé.

En restant en lien avec lui, J., doucement, lui assure qu'elle ne vient pas le juger, d'autant qu'elle porte cette mémoire. D'ailleurs, ceci gêne fortement Alcide. Mais pourquoi donc J., cette arrière-petite-fille, porterait-elle cette mémoire ? J., les larmes aux yeux, explique spontanément qu'elle a choisi, inconsciemment, de porter cette mémoire pour pouvoir la libérer, et qu'en la libérant, elle apportera la guérison de toute la lignée !
Moment de "silence" interloqué, puis une déferlante de sensations et d'émotions se manifeste dans le corps de J.. Mes bras sont un soutien, et je l'accompagne dans la vibration de la peur, de la colère, de la souffrance physique. Crier, porter la voix d'Alcide qui subit l'inceste chaque jour. Hurler avec le corps ce dégoût de lui-même. Souffler un temps pour garder la conscience d'être juste le canal de ces émotions-tsunami.
La réparation n'a pas toujours lieu. Et parfois, elle vient naturellement, quand toute la charge émotionnelle a été relâchée : Alcide a tout dit. A tout hurlé. A tout craché. Dans la vision de J. il est comme grandi, tandis que son agresseur est ratatiné, presque désolé. C'est à ce moment que les coeurs de ces humains se dévoilent, à ce moment que J. accompagne Alcide à regarder autrement cet oncle incestueux, pour voir ses blessures.
Alcide remet à son agresseur sa part de responsabilité, et J. peut alors remettre à Alcide le souvenir de cette réalité, qui n'encombrera plus sa réalité à elle. Le pardon (par-don) naît de ce regard, de cette redistribution des responsabilités. L'apaisement s'installe dans le corps de l'ancêtre, dans la lignée, dans le corps de J.
Une douce lumière bleue envahit même l'arbre généalogique. La confiance revient, l'amour circule. Les cellules de J. font de la place, elles se renouvelleront dans quelques semaines sans la trace de cette mémoire transgénérationnelle.
C'est le moment de remercier Alcide, dont J. ne connaissait pas grand chose, à part le prénom et le fait qu'il était mort assez jeune. Doucement, l'ancêtre reprend sa juste place dans l'arbre, et s'efface de la visualisation. Sa présence, tangible pour moi dans l'énergie du lieu où nous sommes, se dissout, ou tout du moins devient légère et soutenante pour J.
Aujourd'hui, J. ne ressens plus cette peur irrationnelle de passer un temps d'intimité avec son compagnon.
Récit publié avec l'accord de ma patiente.
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Nous portons tous des mémoires qui sont liées à nos ancêtres, et en Santé Humaniste, nous considérons notamment que nous sommes très liés à nos arrières-grands-parents et arrières-arrières-grands-parents. Et que lorsque nous libérons des émotions vécues par un ancêtre, nous guérissons nos lignes 7 générations amont, et 7 générations en aval. Autant dire que cela fait... un certain ménage.
En ce moment, nous sommes invités par les énergies à libérer ces mémoires. Nous ressentons ce besoin d'être plus soi-même, de donner du sens à notre présence sur Terre et à ce que nous accomplissons chaque jour. Les mémoires transgénérationnelles, notamment, sont empreintes de secrets, non-dits, tabous, croyances sociétales et religieuses très prégnantes et lourdes, qui nous empêchent d'être SOI.
Est-ce que cela résonne pour vous ? Je vous invite à partager dans les commentaires !
Je vous invite à découvrir ma vidéo sur le sujet des mémoires transgénérationnelles, qui présente également mon joyeux programme en ligne qui arrive dans une semaine :
Programme "Par la racine" : https://www.elisepetit.fr/parlaracine