top of page
  • Photo du rédacteurElise

Yule en famille - récit pour s'inspirer à ne pas trop en faire...

La lueur douce de cette dernière journée d'automne s'estompe pour laisser place à l'ombre feutrée de cette nuit qui s'annonce la plus longue de l'année. On pourrait imaginer le silence dans la maison où clignotent les guirlandes du sapin, en attendant que s'ouvre l'espace sacré de notre rituel de Yule. Je me sens joyeuse, parce que pour la première fois, mon conjoint se joint à nous pleinement.


En fait de silence, c'est plutôt de cris et de récriminations qu'est faite cette atmosphère de fin de journée. La pleine lune fait son petit effet, et les filles sont survoltées. Un instant, j'envisage de ne pas le faire en famille, ce petit rituel. Parce que, non d'un chien, j'ai besoin de calme et de recueillement, là.


J'ai posé en jolies lettres violettes mes envies et mes idées, le déroulement de notre petit temps en famille, comme je le fais habituellement avec mes accompagné.e.s. Mais je vois maintenant comme ce joli bout de papier va s'en aller valser dans les limbes de mon besoin de contrôle. Célébrer Yule (et toutes les autres fêtes de la roue de l'année) en famille, c'est aussi apprendre à lâcher-prise sur la forme et le fond.





Alors c'est décidé, là, dans l'instant, je vais ouvrir cet espace sacré avec des propositions, en suivant le flow du moment, en respectant les besoins et non-envies des enfants et de mon conjoint. A l'instant où cette décision se pose dans mon corps, je sens comme je me relâche et magiquement l'air est tout de suite moins électrique.


Nous installons le tapis rond au milieu de notre petite pièce de vie, et nous disposons quelques bougies éteintes, au milieu d'une couronne de bois de glycine que j'avais destinée tout autre chose. J'aurai aimé disposer un bol d'eau, une plume, quelques pierres pour compléter l'autel, mais finalement, mon coeur me chante que le simplicité est de mise.


Nous éteignons les lumières de la maison et écoutons mon conjoint jouer une mélodie intuitive au handpan. C'est doux, et, assise en tailleur, j'ouvre le cercle en faisant danser mes bras. Suzanne se joint à moi, pendant que Rose s'allonge par terre, ne sachant pas vraiment quoi faire dans cet instant suspendu qui s'ouvre.


Spontanément, nous appelons nos proches décédés, mes mamies, mes papys, un parrain, nos ancêtres, nous les convions à la fête. Suzanne préfère les mettre dans son cœur, parce qu'elle a trop peur de les voir pour de vrai. Rose, dans un silence discret, appelle Câline, sa bien-aimée chatte disparue dans le bois. Nous allumons toutes nos bougies, et la joie de voir danser les petites flammes se fait sentir.


Alors je commence l'histoire de Dame Hiver et je vois briller les yeux de mes filles dans la pénombre. Le pouvoir des histoires. La puissance de ma voix, venue des profondeurs de Terre-Maman. Je ressens fugacement comme j'entre dans mon hiver intérieur, dans le ralentissement nécessaire pour fortifier mes racines, et prendre soin de mon cocon. Comme Dame Hiver, je sens le Soleil en gestation en moi, bientôt, je le mettrai au monde, moi aussi.


Un cri me fait revenir dans l'ici et maintenant de mon salon "c'est trop loooong maman". Ah oui.

Alors je fais accoucher rapidement Dame Hiver du Dieu Soleil (je passe les détails de l'histoire) et je propose de fêter cela avec la création d'une belle couronne de houx. C'est sans compter Suzanne qui a faim, et qui réclame ses cacahuètes parce que c'est l'heure de l'apéro. Des cacahuètes, oui, eh bien, pourquoi pas, proposons-en en offrande à nos ancêtres... Non ? Bon.


Un regard de mon conjoint m'informe que lui aussi se crispe. Ce n'est pas du tout ce qu'on avait imaginé...


Finalement, notre rituel de Yule se transforme en un joyeux jeu : nous circulons dans toutes les pièces, bougies en main, pour remercier notre maison et la faire nôtre. Nous invitons même quelques êtres de la nature à camper dans les chambres pour chasser les cauchemars. Quelques êtres de l'eau et du feu se proposent de nettoyer les mémoires des murs, mais ça, je le garde pour moi. Suzanne se remet à danser.


Au moment de fermer ce temps rituel improvisé, une nouvelle crise d'émotions s'annonce. Nous nous remercions les uns les autres par un geste symbolique (un câlin, un massage, un peu de tambour...), mais l'une ne veut pas partager sa maman avec l'autre. Un peu d'ingéniosité interparentale nous permet d'éviter l'éruption du volcan Suzanne. Ma petite fille intérieur est ébranlée, la prêtresse que je suis est quelque peu déçue, la Elise est épuisée.


Peut-être que j'avais trop d'attentes.

Peut-être bien que ce n'est pas grave et que tout est juste.

Notre Yule cette année parlait de place, d'ajustement, de lâcher-prise et de simplicité. Et bien plus. Maintenant, je me sens légère et fière de moi. Parce que malgré tout, j'incarne dans mon quotidien et du mieux que je peux, ce qui me fait vibrer.


Mes filles avaient moyennement envie de fêter ce temps là, et c'est OK. On avait cependant une belle chose à faire ensemble, et c'était manifestement de remercier notre maison, ce à quoi je n'avais pas pensé, toute avalée que j'étais dans mes injonctions intérieures.


Et la couronne de Yule ? Et l'étoile que je voulais fabriquer ? On les fera plus tard, au gré de nos envies pendant les vacances. Ou pas.


Je vous souhaite de belles célébrations intérieures, et beaucoup de légèreté.




78 vues0 commentaire
bottom of page